JOURNAL L'ENVOL
La génétique : «ange ou démon»
par Claude Poulin
Avez-vous déjà remarqué, que la rencontre de quelques amateurs de chiens de chasse finit souvent par le même sujet
de discussion : la génétique ?
Notez que la même situation se produit également lors de la rencontre d'adeptes d'autres sports axés sur la vie animale
par exemple, compétitions équestres, courses de chiens de traîneau, courses de pigeons voyageurs etc. La génétique passionne
certains (dont moi-même), en étonne d'autres et en effraie plusieurs.
Tâchons donc, avant d'aborder les bases de cette science, de démystifier le sujet.
La génétique est avant tout une science fondée sur les possibilités mathématiques qu'un animal héritera des gênes de
tel ou tel ancêtre apparaissant plus ou moins fréquemment dans son pedigree.
La génétique est avant tout une science fondée sur les possibilités mathématiques qu'un animal héritera des gênes de
tel ou tel ancêtre apparaissant plus ou moins fréquemment dans son pedigree.
Il est donc faux de prétendre que la génétique conduit à l'accouplement d'animaux relativement de la même famille,
accouplement qui produit à coup sûr des chiens (dans le cas qui nous intéresse) faibles, tarés, agressifs ou débiles.
N'avons-nous tous pas vu déjà des chiens, faibles, tarés, agressifs et débiles qui provenaient de parents n'ayant aucun
lien familial ?
Par contre, il est aussi faux de dire qu'un accouplement en lignée basé sur des principes génétiques solides donnera
forcément des champions si les géniteurs sont médiocres, provenant eux-mêmes d'ascendants de qualité douteuse.
C'est pourquoi, avant de songer à l'accouplement d'une chienne, soyons objectifs dans notre évaluation. Premièrement,
cette femelle est-elle une digne représentante de sa race, est-elle physiquement et mentalement saine (sans tare majeure, par exemple,
dysplasie de la hanche, épilepsie, peur et/ou agressivité incontrôlable, etc.), remplit-elle bien la fonction qu'elle est
supposée remplir soit, chien de chasse ?
Si votre chienne franchit cette étape haut la main, vous êtes en lieu d'en espérer une très belle portée si naturellement
le choix du prétendant est pris au sérieux.
Effectivement, ce dernier devra répondre aux mêmes critères que la femelle, si possible en mieux. Au point de vue phénotype,
il devra être le plus parfait possible, le plus près possible de l'idéal recherché. Attention : évitez surtout de tomber dans
le piège de la compensation, c'est-à-dire de compenser une chienne trop petite en l'accouplant avec un mâle très grand, de
compenser une chienne trop courte avec un mâle trop long ou de compenser une chienne craintive par un mâle agressif. Ces
extrêmes n'engendrent que des chiens déséquilibrés tant physiquement que mentalement.
Comme vous êtes prévoyant, vous avez quelques mois devant vous avant la date prévue pour les dites chaleurs. Vous avez donc
le temps de " magasiner " parmi les mâles disponibles celui qui aura l'honneur de servir votre fille. Ne mérite-t-elle pas le
meilleur, le plus compatible, autrement dit celui de qui vous pouvez espérer la plus belle portée possible ?
Plusieurs possibilités s'offrent à vous. Étant sérieux, vous avez immédiatement rejeté l'option de la facilité, option qui
consisterait à prendre le mâle de votre troisième voisin qui, même s'ìl est beau, provient de lignées incertaines, voire inconnues
et qui de plus n'a jamais eu l'occasion de démontrer ses qualités, son maître ne lui ayant jamais fait remplir la tâche pour
laquelle il a été créé.
Il vous reste donc les trois options les plus reconnues pour orienter votre choix :
- L'accouplement extérieur (out cross breeding)
- L'accouplement entre parents proches (inbreeding)
- L'accouplement entre parents éloignés ( linebreeding)
Avant d'opter pour l'une ou l'autre de ces méthodes d'accouplement, une étude sérieuse du pedigree de votre chienne devrait
être faite afin de déterminer si votre protégée à un pedigree ouvert, de lignée ou consanguin. N'est-il pas toujours préférable
de savoir d'où l'on vient avant de choisir où l'on veut aller ?
Votre chienne possède un pedigree ouvert si aucun ancêtre commun n'apparaît dans les quatre ou cinq générations qui la précèdent.
Elle a un pedigree de lignée si les quelques ancêtres communs apparaissant dans la deuxième et troisième génération
sont parents éloignés, p.ex., grand-père et petite-fille.
Elle a un pedigree "consanguin" si les ancêtres communs dans les premières générations sont proches parents, p.ex., mère et
fils, frère et sœur, etc.
Après cette évaluation du pedigree, vous pouvez déjà choisir l'option d'accouplement que vous désirez employer et, par le fait
même, ce qui influencera le choix du géniteur.
Si votre femelle possède un pedigree ouvert, vous pouvez soit continuer dans la même veine et choisir un
mâle de très belle qualité sans aucune parenté avec elle, soit identifier dans son pedigree un ou des ancêtres
qui vous plaisent particulièrement par leur conformation, leur style, leur performance de travail et trouver
un reproducteur provenant lui-même de cette lignée qui vous plaît.
Par contre, si votre chienne possède un pedigree de lignée, vous pouvez soit continuer dans cette lignée si
tout vous plaît dans ce type de chien ou bien choisir un mâle étranger si vous désirez introduire une ou des
qualités nouvelles n'apparaissant pas ou peu dans le bagage génétique ou physique de votre fille.
Toutes ces options d'accouplement ont évidemment des avantages et des inconvénients. L'accouplement extérieur
(out cross breeding) a souvent l'avantage de faciliter le choix d'un mâle et de produire une portée pleine de
vitalité. Par contre, le côté bagage génétique est beaucoup moins présent, l'uniformité de la portée provenant d'un
tel accouplement est laissée au hasard. Une telle portée est très régulièrement disparate ; deux ou trois styles
différents peuvent apparaître. Ainsi, une portée de sept ou huit chiots peut contenir autant de styles différents.
L'accouplement consanguin (inbreeding) entre proches parents p. ex., père et fille, mère et fils, frère et
sœur, est un outil qui peut s'avérer précieux lorsqu'un but très précis est recherché. Par contre, cette option
d'élevage est une arme à double tranchant. En effet, il est indéniable que les qualités des deux reproducteurs
seront amplifiées, mais il faut être conscient que les défauts risquent de l'être également, et ce, sans compter
sur la forte possibilité d'obtenir une portée à la santé fragile. Ce type d'accouplement consanguin devrait, à
mon point de vue, être laissé entre les mains d'éleveurs chevronnés qui connaissent à fond leurs lignées et qui
seront prêts à euthanasier plusieurs chiots, voire la portée entière, si les résultats escomptés ne sont pas
atteints.
Reste l'accouplement de lignée (linebreeding) soit entre parents éloignés p. ex., grand-père et petite-fille,
oncle et nièce, etc. Cette option est généralement reconnue comme étant la plus sûre pour obtenir des résultats
uniformes et fiables sans altérer la vigueur des rejetons.
Cette option d'accouplement (linebreeding), bien qu'étant la plus fiable, doit être employée d'une façon
très sérieuse. L'ancêtre commun soit oncle, grand-père, grand-mère, père ou mère, doit être un animal le plus
parfait possible. Son influence génétique sera amplifiée et très présente dans le produit final.
La planification d'un accouplement doit être prise au sérieux. Il s'agit d'un projet qui implique temps et
argent mais, lorsqu'il est mené d'une façon rationnelle, apporte beaucoup de satisfaction.
Pour terminer, je vous laisse sur cette pensée : "Ne confions pas au hasard la production de chiens qui
seront pour des années, les compagnons de vie de nos semblables".
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