JOURNAL L'ENVOL
Éducation et dressage du chien leveur - 2ième partie
par Claude Poulin
Comme il l'est décrit dans la première partie, l'éducation du chiot (on ne parle pas encore de dressage) doit se faire
dans le plaisir et l'harmonie. Le chiot doit être introduit à différentes situations qui lui seront utiles tout au long
de sa vie. Il doit comprendre ce qu'est revenir à son maître quand ce dernier l'appelle, il doit apprendre à s'asseoir
et à demeurer assis au besoin. De plus il doit être initié au rapport, sur terre et à l'eau, et un début de quête typique
doit être mis en place. Il est maintenant le temps de pousser plus loin ce début d'entraînement.
Le dressage 101
Introduction au gibier
Il est maintenant temps de le mettre en contact avec un gibier, gibier qui sera pour les besoins de la cause, un pigeon mort.
Faites lui sentir un pigeon dans vos mains, vous verrez immédiatement l'intérêt qu'il portera à cette chose jusqu'alors inconnue
pour lui. Il frétillera et n'aura qu'un but, posséder cette chose qui sent drôlement bon. Lancez l'oiseau, il sautera dessus sans
hésiter et sera fier de se promener avec sa première proie dans la gueule. Vous assisterez probablement à une première petite
régression, côté rappel et rapport. Il ne sera peut-être pas prêt du tout à vous remettre ce nouvel apportable qui sent si bon et
qui le fait vibrer. Soyez patient, le tout rentrera dans l'ordre assez rapidement. Si par hasard votre chiot est un peu hésitant
face à un oiseau mort, ne vous découragez pas. Motivez-le en le mettant en contact avec un oiseau vivant mais avec une aile entravée.
La vue de cette bestiole qui se débat et tente de s'enfuir devrait régler le problème. Vous verrez son aiguille de température monter
dans la zone rouge rapidement. Vous pouvez même combiner, la pratique de la quête et le contact avec quelques oiseaux qui s'envolent.
Pour un chiot, surtout s'il est timide, rien ne vaut quelques bonnes poursuites sous l'aile, pour éveiller l'instinct de proie qui
sommeille dans tout chien de chasse.
L'idéal pour enseigner la quête
L'idéal pour enseigner la quête est bien entendu de vous faire aider par deux partenaires. L'un se place à votre gauche et l'autre
à votre droite, environ deux pas à l'avant de vous. La distance qu'ils gardent par rapport à vous varie selon l'âge du chiot,
c'est-à-dire entre 4 et 5 mètres et entre 10 et 15 mètres si le chiot est un peu plus vieux. Vous mettez le chiot au Hup devant vous,
de la main vous lui indiquez la droite, vous l'encouragez à partir dans cette direction en lui donnant un ordre que vous choisirez
comme par exemple "Allez ". Au même moment votre compagnon de droite l'appelle, pas par son nom (l'utilisation du nom du chien est
un privilège qui n'appartient qu'au maître) mais par différents gestes ou bruits pouvant attirer son attention. Par exemple: "puppy, puppy,
puppy" d'une voix invitante ou un geste comme secouer sa casquette à sa vue. Le chiot s'élance dans sa direction. Lorsqu'il arrive à
votre compagnon, ce dernier cesse tout mouvement. Vous donnez deux coups de sifflet et tendez la main vers la gauche. Votre copain
de gauche entre en scène et procède au même manège. Toute cette interaction de gauche à droite se fait simultanément pendant que
vous avancez lentement. Si votre springer à tendance à oublier de tourner au bout de sa course, vous pourrez toujours utiliser la
laisse longue. Remarquez qu'il est toujours préférable de le faire tourner uniquement par le sifflet ou la voix, vous ne devez
utiliser la longe qu'en dernier ressort. La rapidité a laquelle un springer apprend cette manœuvre est surprenante. On ne lui
apprend pas quelque chose de complètement nouveau, on ne fait que canaliser une information qu'il possède déjà dans son bagage
génétique.
L'entraînement devient plus sérieux
Lentement votre springer vieillit, il marche maintenant en laisse comme un grand, il obéit bien au moindre appel de son maître,
il reste au Hup suffisamment longtemps pour penser que l'immobilité n'est pas qu'un vain rêve, son rapport est acceptable, et sa
quête, qui vous a fait si peur au début commence à être intéressante. De plus tout au long de son évolution, il a été confronté à
différents bruits que, mine de rien vous avez provoqués : claquement de mains, gamelle échappée, porte bruyante etc. Rien ne semble
l'intimider, le coup de feu ne sera probablement qu'une formalité. Compte tenu de son âge, vous en êtes bien fier, votre springer
semble plein de promesses. Ce qui vous fait le plus plaisir, c'est que vous avez fait preuve de patience, votre chiot à évolué
incroyablement depuis quelques mois et tout ça s'est fait dans la joie et le plaisir autant pour votre chiot que pour vous. La
jeune équipe que vous formez est maintenant prête à entreprendre un entraînement plus sérieux.
Vous êtes maintenant rendu au point où il faut pousser plus loin l'entraînement, mais votre chiot est-il prêt ? Vous remarquerez
que je ne donne pas d'âge. Je ne mentionne pas: "un chien de tel âge est supposé être rendu à tel niveau". C'est à vous d'être
psychologue, apprenez à évaluer votre chien. Certains chiots de sept ou huit mois sont prêts à entreprendre un dressage sérieux.
On peut commencer à utiliser le terme dressage. Alors que d'autres ne sont absolument pas prêts, dites-vous bien que le vieil
adage "lentement mais sûrement" a toujours sa place.
L'immobilité
Obtenez maintenant de votre chien qu'il soit immobile lorsque vous lancez l'apportable, et ce, toujours dans le but d'obtenir un
jour son immobilité à l'envol d'un oiseau. Mettez votre chien au Hup, s'il s'élance après l'apportable que vous venez de lancer,
remettez-le au Hup et ce d'une voix plus ferme qui ne laisse aucun doute sur votre ordre. Votre chien ayant vieilli, vous pouvez
maintenant au besoin être plus autoritaire. Il doit comprendre que la vie n'est pas qu'un jardin de roses et qu'il est là pour
obéir. Si vous avez de la difficulté, utilisez la laisse, mettez-le au Hup, gardez votre pied sur la laisse qui est par terre.
Lancez l'apportable, s'il s'élance, il sera surpris en arrivant au bout de la laisse. Remettez le au Hup. Lorsqu'il est calmé,
enlevez la laisse et donnez lui l'ordre d'aller chercher l'apportable "Apporte ", il fait son rapport, félicitez le chaleureusement.
Après quelques leçons, il comprendra sûrement ce que vous désirez.
Initiation au coup de feu
Toujours avec vos 2 compagnons d'entraînement, recommencez le conditionnement à la quête. Étant donné que votre chien vieillit,
vos 2 aides peuvent maintenant se placer à environ 15 mètres de chaque côté de vous (la distance à peu près normale pour une quête
efficace). Vous dirigez votre chien comme d'habitude, vos aides lancent un apportable ou un oiseau mort devant eux (à tour de rôle),
et ce à la vue du chien et de temps à autre à son insu.
Au moment ou l'apportable est dans les airs, vous tirez un coup de feu avec un pistolet de départ (au début lorsque votre chien
est assez loin de vous, s'il réagit bien, vous pourrez tirer le coup de feu lorsqu'il est plus près). Votre chien effectue ses
rapports facilement, vous le félicitez chaudement. Progressivement vous en venez à lancer l'apportable , à l'insu du chien, dans
des broussailles ou du foin plus long, et ce pour qu'il apprenne à se servir de plus en plus de son nez et non pas de chasser
constamment à vue. Le but est d'en arriver à ce qu'au moment où l'un de vos aides lance un apportable, vous faites le coup de feu
et dites simultanément un Hup ferme afin que votre chien s'assoit et attende votre ordre pour rapporter l'objet lancé par cet aide.
S'il n'obéit pas, vous vous élancez, et le ramenez fermement à l'endroit où il n'a pas obéit à votre commandement du Hup (où il a
cassé son immobilité). Il est bien évident, que tout ce scénario peu sembler un peut complexe, d'où l'avantage d'avoir des amis un
peu plus expérimentés ou de joindre un club ou un groupe d'entraînement.
Fin de la deuxième partie. Lire la troisième partie
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